There is not just a CO2 problem on the planet. There is a biospheric problem. An increasing CO2 content in the air is a symptom, not the disease. The real problem is the entrenched attitude that the biosphere is an "environment" to exploit rater than enrich. We humans are part of the biosphere ; we are not separate. Our own actions cause the biosphere problem, and our actions stem from defects in our ideas, institutions, and values.

John Allen, 2009, Me and the Biospheres.

En novembre 1988, je découvrais le projet Biosphere 2 dans un numéro de Science&Vie. Ce concept utopique et futuriste me fascina complètement : recréer sous une grande serre un ecosystème clos permettant à 8 humains de vivre en autarcie pendant deux ans, en vue de préparer l'installation de colons dans l'espace. Biosphere 2 a été pour moi le déclencheur de mon intérêt pour l'environnement.

Je suivis ensuite dans la presse française tout ce qui touchait à la construction de la serre, véritable arche de Noé, jusqu'au lancement de l'expérience en novembre 1991. Puis bizarrement les critiques à l'égard du projet se firent de plus en plus véhémentes et d'un coup on n'en entendit plus parler. J'étais resté très frustré par l'échec de ce projet qui m'avait fait tant rêver et surtout par le manque d'informations qui l'entourait. Quelque chose ne tournait pas rond et je m'étais juré de tirer cette affaire au clair.

A la rentrée 1993, j'entrais en école d'ingénieur et le World Wide Web naissait. Impossible d'y trouver quoi que ce soit ou en tout cas quoi que ce soit de partial. En 1999, alors que je vivais à Chicago, je suis parti en Arizona passer quelques jours sur le site de Biosphere 2. La biosphère était dans un état piteux et tous les écosystèmes étaient en friche. Sur place, je ne parvins à trouver aucune information sur l'expérience et son soit-disant échec, on aurait dit que les repreneurs du site (l'université Columbia de New York) avait voulu gommer cette période de l'histoire. Fin 2006, alors que j'avais déjà commencé l'écriture de Siècle bleu dans lequel Biosphere 2 occupe une place centrale, je tombais par hasard sur un roman intitulé Le Rêve de White Spring de Michèle Decoust. Ce roman, extrêmement bien renseigné, mettait en scène et transposait l'aventure de Biosphere 2 en Australie. Sur la quatrième de couverture, il était indiqué que l'auteur avait participé au projet Biosphere 2. Je cherchais à la rencontrer et cela ne put se faire qu'en mai 2008. Elle me donna une partie des informations que je cherchais et me promit de me faire rencontrer les visionnaires derrière le projet. En décembre 2008, elle organisa un dîner avec Abigail Alling et Mark Van Thillo, deux des huit membres de l'équipage de Biosphere 2. Puis en octobre 2009 je rencontrais (cf. photo ci-dessous avec le manuscrit de Siècle bleu) finalement John Allen, le créateur de Biosphere 2, et j'ai obtenu alors les réponses à toutes mes questions. Après près de vingt ans, la boucle était bouclée, juste avant la sortie de Siècle bleu. Heureuse coïncidence.

Autre coïncidence : c'est grâce à Biosphere 2 que Siècle bleu a pu voir le jour ! En février 2009, j'étais au point mort dans mes recherches d'éditeur (beaucoup étaient frileux de publier un roman qui ne tombait pas vraiment dans une catégorie bien définie) et Michèle Decoust, qui avait lu mon livre en décembre 2008 et qui l'avait apparemment beaucoup aimé, me proposa d'en parler à Jacques Binsztok, qui était l'éditeur du Rêve de White Spring à l'époque au Seuil. Celui-ci fut tout de suite enchanté par le projet et me proposa de l'éditer (à ce moment il était à la tête de Panama et le contrat fut finalement signé en novembre 2009 avec JBz&Cie, sa nouvelle maison). Sans Biosphere 2 et Michèle Decoust, mon chemin n'aurait jamais croisé celui de Jacques Binsztok et Siècle bleu n'aurait peut-être pas été publié.

Si vous voulez en savoir plus sur l'histoire de Biosphere 2, j'ai écrit sur mon blog une série de 4 articles sur le sujet, résumant mes recherches.